Canalblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Body Double

Predator,John McTiernan(1987)

Predator,John McTiernan(1987)

 

Genre:  la mise en scène au service de l’action 

Après un Nomads poussif, McTiernan revient dans un genre qui fera la renommée de son cinéaste, à savoir le film d’action. Predator consiste en une chasse entre une créature extra-terrestre et une bande de barbouzes au sein d’une jungle hostile.predator-00045A l’inverse de son premier film, John McTiernan met en place  rapidement le contexte de son univers forestier sur fond de mission de sauvetage. Le film reste sans doute aussi important qu’un Terminator dans le sous-genre, de la SF d’action. Arnold Schwarzenegger a déjà à son actif des films du même tonneau comme Commando et Conan, où la force brute de l’acteur éclate. 

Predator semble être scindé en deux parties. Sur une base typique de beaucoup d’actionners des années 80 à l’image d’un Rambo 2, grand succès à l’époque, le film débute sur une mission d’infiltration où il s’agit de dézinguer des rebelles…Porté par la musique épique d’Alan Silvestri, on s’amuse à voir Schwarzie et ses comparses massacrer des dizaines de soldats sans sourciller. Mais dès le départ, le cinéaste ménage ses effets en apportant le regard extérieur d’un étranger suivant le groupe sans jamais révéler sa vraie nature. McTiernan semble s’être inspiré des films de Jacques Tourneur en suggérant plus qu’en montrant la menace à l’oeuvre. 

Le spectateur est donc plongé dans une ambiance de panique comme ses protagonistes devant une créature invisible dont la nature et les motivations sont inconnues. D’ailleurs, il n’est jamais expliqué les origines de ce monstre. En jouant la carte de la sobriété, le réalisateur crée une situation de malaise où chaque machine de guerre semble être au dépourvu face à une menace qu’il ne comprenne pas. Si l’entrée directe du film dans l’action pourrait dérouter aujourd’hui tellement les blockbusters actuels sont dans une mise en place longue et fastidieuse, ce n’est que pour mieux  plonger dans le  safari qui va dérouler pendant une heure et trente minutes.

Jim et John Thomas n’en oublient pas pour autant leurs personnages qui à chacun sa particularité et son ressenti face à la situation. On retiendra en particulier Poncho (Richard Chaves) qui entretient un contact particulier avec la menace en cours.

John McTiernan conduit tout cela avec une énergie et une précision hallucinante utilisant son décor naturel de jungle comme élement central de l’action. Ici, pas de surdécoupage ou de ralentis fractionnant les événements mais le choix est d’exposer l’espace même de l’action en plaçant la caméra entre la créature et le groupe attaqué. On voit donc se dérouler un jeu de massacre à l’image d’un slasher avec armes de guerre au point. 

Cependant, McT s’éloigne par la suite de la programmation prévue tout en gardant une sobriété inattendue pour un film de studio. En effet, le réalisateur joue avant tout sur les fantasmes des spectateurs en choisissant de ne pas monter l’affrontement entre Poncho et le Predator mais bien son hurlement comme signe de terreur totale pour un Dutch (Arnold Schwarzenegger) complètement seul.

 

Le dernier tiers du film devient alors une sorte de calme avant la tempête où Dutch dépourvu d’armes va affronter la créature en quittant les oripeaux de la civilisation. C’est donc dans une veine épique mais aussi mythologique que le réalisateur conduit son film. Utilisant la plastique de son acteur principal, Predator devient l’affrontement entre l’humain fragile et une Nature omnipotente et omnisciente. De la même façon ,McTiernan dose ses effets ,en particulier en jouant sur une tension palpable où littéralement le chasseur cherche sa proie et fait du cache-cache. Il n’est alors pas question de proposer un combat « mano a mano » simpliste mais bien un exercice de traque . En ce sens, McT comprend bien que son surhomme bodybuildé doit être tout aussi désemparé devant cette créature que le spectateur. On aura rarement vu Schwarzie aussi en difficulté dans sa filmographie présentant un visage fatigué et un regard vide à la fin du film.

 

John McTiernan semble dès son deuxième opus avoir tout compris au cinéma d’action et poser les bases de son style. Si celui-ci utilise à la fois une mise en scène fluide et avare d’effets, il n’oublie pas d’apporter de la cohérence à son film. 

Si ce Predator peut se réclamer du cinéma de genre des années 80 en particulier du Terminator de  James Cameron, on pense aussi à un certain Alfred Hitchcock dans la façon de moduler l’espace et de construire des attentes pour mieux les détourner. En effet, John McTiernan joue à la fois de l’image de son acteur principal et du genre dans lequel il oeuvre pour créer un pur produit de mise en scène devenant un affrontement entre Nature et Culture où les mots n’on plus lieu d’être mais juste la jouissance de l’image et du divertissement.

 

Publicité
Publicité
Body Double
Publicité
Pages
Derniers commentaires
Realisateurs

 

 

Publicité