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Body Double

Imitation Games, Morden Tyldum (2015)

Imitation

Genre: académique

 

Le genre du biopic semble avoir dévoré complètement Hollywood. Depuis plusieurs années, les nominations aux Oscars comportent beaucoup de films dont le rôle est de nous parler d’un individu extraordinaire plus ou moins connu.

Imitation Game est totalement dans cette thématique, le but étant de nous présenter et nous narrer la vie d’Alan Turing, mathématicien génial dont les travaux sont à l’origine des ordinateurs et qui ont permis  de raccourcir la seconde guerre de deux ans en décodant le système Enigma des nazis. Le film est porté par des acteurs ayant le vent en poupe comme Benedict Cumberbatch, Matthew Goode et Keira Knightley, le tout mis en scène par le cinéaste norvégien Morden Tyldum

 

Il est vrai que la personnalité de l’analyste britannique à tout pour faire un biopic entre l’oubli total dont il fait l’objet dans la « grande « histoire et son homosexualité condamnée à l’époque. Il y a donc matière à faire de Turing un martyr, parfait pour un film à Oscars. 

Dès le début du film, sa personnalité est construite sur une incapacité à l’adaptation sociale avec un coté « geek » génial dont le talent et l’arrogance sont supérieurs à ses acolytes. Et même si le côté « autiste «  de Turing peut être un fait historique, ceci en devient avant tout un gimmick pour nous rendre au départ le personnage détestable que le spectateur reconsidéra par la suite.On est plus proche de The Big Bang Theory que d’une étude de caractère. Il s’agit avant tout d’un pur effet dramatique éculé depuis bien longtemps. Jamais l’aspect borderline de sa psychologie peut devenir trangressive. Le film ne décide jamais d’explorer la singularité de son personnage principal mais d’en faire avant tout un marginal incompris. Ceci constitue une bonne première moitié du film jusqu’à sans raison aucune (si ce n’est celle du scénario..), l’équipe d’analystes soutiennent Turing dans la construction de sa machine « Christopher » pour décoder Enigma

 

Le fil rouge de l’homosexualité du personnage semble d’ailleurs décoder tous les aspects de la vie du prodige ,de l’accusation de l’atteinte à la pudeur jusqu’au nom de sa création. On est vraiment devant une lecture très déterministe. Le scénario ne peut s’empêcher de nous balancer le trauma cher à ce genre de biopic avec la mort de l’amour de la vie d’ Alan comme catalyseur de son travail de mathématicien. Il n’est surtout pas question de traiter le procès que subit Turing mais plutôt de le voir comme un épiphénomène du reste de sa vie.

 De la même façon, le réalisateur n’essaye jamais de donner corps aux théories du mathématicien et n’explique pas les principes qui conduisent à la construction de la machine. Il y a dans tout cela une incapacité à plonger dans l’esprit de ce précurseur. Au contraire d’un Social Network, où la parole devenait le support de l’idée d’immédiat des réseaux sociaux,Tyldum ne trouve pas de point d’ancrage à l’imitation de vie chère à Turing. Il se contente de filmer tout cela avec un académisme très lisse. La « non-existence » menée par le scientifique alors que les évènements historiques frappent à la porte de l’Angleterre ne sont pas l’occasion de mettre en lumière la personnalité dérangée de son personnage principal.

 

Aucune tension ne naît de la mise en scène. On se contente d’un montage alterné entre scènes de guerre et les tentatives de décodage d’Enigma pour monter un suspense éventé. Le film fait le choix du calme sans tempête ni venant de l’extérieur ou de l’intérieur. La mécanique de la mise en scène est donc totalement prévisible comme son scénario donnant quand même la part belle à ses acteurs (sans point de vue réel). 

 Benedict Cumberbatch assure un travail de qualité mais sans aspérités mais tranche un peu dans une  romance « à part » avec Joan Clarke (Keira Knightley), femme compréhensive et tout aussi lucide que Turing. On peut d’ailleurs se demander si cette partie n’est pas plus le fait du romanesque que d’une réalité historique. Ce sont surtout les seconds rôles qui sont plus nuancés (paradoxalement) avec un Mark Strong très manipulateur qui rappelle la réalité du fait d’Etat. De plus, Charles Dance compose un personnage cohérent dont la droiture militaire contraste avec le comportement « original » du mathématicien. 

 

Le sujet du film semble complètement étouffé par un scénario et une évolution dramatique balisé. Il y avait pourtant tant de sujets à aborder entre scientisme, un arrière britannique moribond, l’exploration de la création d’une vie à coté de la vraie de chair et de sang. Tout cela est tout de suite écartée pour servir une facture classique mais qu’on oublie aussi vite. La vision de Turing méritait bien mieux.

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