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Body Double
28 décembre 2015

Mad Max : Beyond Thunderdome,George Miller et George Ogilvie (1985)

Mad_max_beyond_thunderdome

Genre : le retour à l’enfance

 

Volet mal aimé par les fans de la saga Mad Max, ce troisième opus naît à un second devenu culte pour beaucoup. C’est le premier film qui se fait sans Byron Kennedy, ami et producteur de George Miller, disparu dans un accident d’hélicoptère. Dans une volonté d’ouverture à un plus grand public, le réalisateur expurge une partie de la violence graphique de son précédent Mad Max. Mais bien que mal considéré, Beyond Thunderdome est dans la droite lignée de l’univers que ce soit dans les ambitions et les thèmes abordés par le cinéaste. 

 

En effet, le début du film reprend quasiment le même point de départ de the Road Warrior, à savoir un Max s’étant fait dérober ses biens et se retrouvant dans la recherche de récupérer ce qu’il lui appartient comme la course au pétrole dans le second volet.

On s’inscrit dans un retour à la civilisation avec la découverte de Bartertown tenu par Aunty Entity (Tina Turner) où s’organise un système de troc au lieu du vol. Comme il avait exploré le genre du western et du survival dans ses oeuvres précédentes, Miller continue dans ses ambitions en créant un péplum à l’image de l’arène, sous le dôme. A la fois vision d’un monde rétro-futuriste fait de sable, de costumes en ferraille comme un retour à la naissance de la civilisation, le film offre une production design très bien faite qui nous plonge dans cet univers à la frontière de l’héroic fantasy. En ce sens, ce Mad Max partage l’ambition de la saga d’explorer plusieurs types de cinéma dans le même monde. S’il faut dire que la première demi-heure est convaincante avec un Mel Gibson, cheveux longs à la viking devenant un gladiateur des temps modernes. La suite du film sera plus difficile à suivre…

 

Parallèlement à cette vision protéiforme de son univers, Miller continue d’instiller son obsession pour la question écologique et énergétique. On ne peut que goûter à l’humour noir du réalisateur qui fait utiliser le méthane des porcs pour faire fournir la ville en énergie. Le pétrole ayant disparu, il reste le monde d’en bas, en somme de la merde qui reste le salut d’une humanité en cours de réorganisation.

Si Au delà du dôme du tonnerre nous livre un début de film d’aventure à la sauce eighties, la poursuite dramatique ne se fera qu’avec plus de confusion. Dès son exil de la cité, le personnage va se retrouver traité de façon totalement incohérente. Alors que son caractère taciturne et solitaire ne se faisait pas mentir depuis le début, il va soudainement aider et soutenir une révolution contre Entity afin de libérer Master et les esclaves du monde d’en bas. De la même façon, sa rencontre avec le groupe de rescapés d’enfants contraste totalement avec le caractère crasseux du début du film. D’un coup, Miller pose sa caméra dans des gorges avec des cours d’eau. Sans doute dans une volonté de traiter du caractère mythologique de son monde, les enfants font de Max le Captain Walker qui doit les aider à retrouver la civilisation. On peut tout à fait y voir le symbole d’un retour à l’humanité progressive de notre anti-héros. En ce sens, cette seconde partie est assez logique dans le glissement progressif de Max vers de nouvelles relations avec ses congénères mais est amenée de façon totalement abrupte. On a l’impression que le scénario a milles idées à soumettre mais totalement dans le désordre.

 

On pourrait y voir un syndrome « Ewoks » mais c’est aussi pour Miller l’occasion de rappeler la nécessité de l’humanité de  croire en quelque chose pour se reconstruire. En somme, le fait religieux semble une composante nécessaire pour revenir à une société à travers ce mythe de Captain Walker en peinture sur la pierre ramenant à la préhistoire.
Si on peut reconnaître une vision anthropologique voulue, l’atmosphère du film baigne dans un conte que le final ne cesse de répéter quitte à effacer la vision nihiliste et pessimiste des Hommes inhérente à l’univers construit par Miller à ses débuts. On y voit d’ailleurs pour la première les ruines d’une grande ville du pays concerné par la guerre. 

 

Le script semble être le fruit de différentes versions du scénario dont les raccords et les coutures sont à la fois lâches et cassent le rythme du film. Le réalisateur ne cesse par pour autant de nous montrer une brillante mise en scène avec une utilisation du scope dans le désert, une plongée en « deux temps, trois mouvements » dans  Bartertown. La course poursuite final  est d’ailleurs très bien menée mais semble être plus présente par obligation que comme réelle dénouent dramatique comme dans le second volet. Car que serait Mad Max sans course de bagnoles ? 

Par une envie d’offrir un film d’aventures plus grand public mais en même temps les fondamentaux  de la saga, Miller ne sait plus sur quel pied danser. Son film se retrouve presque scindé en deux sans réelle cohérence et montre son manque d’enjeu. Le final reste bien moins intense que le siège du Road Warrior, conclusion d’une recherche de carburant à tout prix. 

 

Ce troisième volet est aussi moins âpre et baigne dans une atmosphère presque cotonneuse avec sa vue aérienne d’un Sydney en ruines évoquant une reconstruction possible du passé par la voix de l’un des enfants grâce à MaxFilm hybride voulant à la fois approfondir certains thèmes de l’univers dépeint et offrir un opus accessible à tous, Mad Max: Beyond Thunderdome reste bancal. Mais il y a plus de cinéma dans ce troisième volet que dans beaucoup de blockbusters actuels. Tout ceci ne mérite pas autant d’opprobre.

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