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Body Double

Jupiter Ascending, Andy et Lana Wachowski (2015)

Jupiter-Ascending

Genre : navet de luxe

 

Les créateurs de la saga culte Matrix au début du nouveau millénaire reviennent affronter le box office avec leur dernier film Jupiter Ascending suite aux échecs financiers de leurs opus précédents. Les Wachowskis sortent cet ersatz de space opéra après des résultats au box office en demi-teinte de Speed Racer et Cloud Atlas.

Bien que Cloud Atlas était totalement indépendant des grands studios hollywoodiens, les comparses doivent se refaire une santé au sein de l’industrie du blockbuster. C’est peut être en soulignant ce tournant dans leur filmographie que l’on peut mieux comprendre le ratage de Jupiter Ascending. En effet, les précurseurs de l’univers de Matrix n’ont jamais réussi à répéter le succès populaire de leur trilogie. Ils nous livrent donc ici tous les clichés du film à grand budget pour plaire au plus grand nombre.

 

Le postulat de départ met en avant une jeune femme, Jupiter Jones (Mila Kunis), qui serait la réincarnation de la reine Abrasax, famille extraterrestre qui possède une partie de l’univers dont la Terre. Celle-ci fait l’objet de toutes les convoitises par les différents héritiers de cette lignée et est protégée par Caine Wise (Channing Tatum) un homme lycanthrope avec lequel une relation (amoureuse) va se lier.

 

Si on devait mettre en avant la qualité principale du film, ce serait la volonté de créer un nouvel univers au sein du paysage du divertissement cinématographique. Ainsi, les Wachowskis accumulent les personnages, les différentes instances qui régissent l’univers. On entend parler de l’Egide qui semble être une police intergalactique. On fait la connaissance de Balem Abrasax reclus sur la planète Jupiter, son frère Titus qui sont immortels grâce au moissonnage des êtres humains. Le film est foisonnant dans la construction de son background dramatique mais sans doute trop. En effet, le film ne dure que deux heures…Trop d’éléments sont esquissés et le fil dramatique s’évertue à se focaliser sur la romance entre Jupiter et Wise au lieu de fournir des portes d’entrée cohérentes pour le spectateur.

 

De la même façon, à la différence de Cloud Atlas, c’est la première fois que l’on ressent aussi nettement les influences des Wachowskis donnant une image assez lisse et stéréotypée de la SF proposée. On citera clairement Dune dans ce jeu de massacre intra-familiale mais aussi une tonalité issue du conte. Le début du film pourrait clairement nous rapporter à Cendrillon récurant les toilettes mais aussi au magicien d’Oz avec l’entrée du merveilleux dans une existence bien morne. D’ailleurs Mila Kunis avait joué dans l’adaptation de l’univers d’Oz par Sam Raimi (un clin d’oeil évident). La production design oscille entre grandeur des bâtiments et des cités (issus de la Renaissance) et un kitsch prononcée rappelant un Flash Gordon friqué. L’ensemble se veut généreux mais rate l’essentiel, soit la capacité à faire vivre ce monde et à nous y intégrer. Doté d’un budget de 175 millions de dollars, on ne cesse pourtant de voir le fond vert partout tellement le pudding numérique est indigeste. Chaque décor est construit avec tellement de lourdeur teinté d’une lumière jaunâtre donnant au tout un aspect new age. 

 

Le projet de création d’un univers original pourrait être salué si le scénario n’était pas émaillé de trous rendant les réactions des personnages totalement incohérentes. L’ensemble de l’intrigue est balayé très rapidement avec paradoxalement une exposition relativement courte ne permettant pas de s’attacher ni aux  personnages ni de construire une intensité dramatique. A l’image de son héroïne principale, on accueille la découverte du fantastique de façon placide. La direction d’acteurs n’est pas en reste car Eddie Redmayne nous livre une caricature de bad guy qui ferait passer le jeu de Jean Claude Vandamme dans Expendables 2 pour fin. Chaque réplique de Balem est assénée avec un sérieux et un sur-jeu constant.

 

Jupiter Ascending semble construite comme une hyperbole des blockbusters actuels. Le film n’a comme ligne d’horizon la romance « contre-nature » entre Jupiter et Wise à l’image d’un Edward et d’une Bela de Twilight. Le preux chevalier  sauvant sa princesse devient le leitmotiv de la course en avant dans l’action. On retrouve dans ce fatras la thématique chère aux Wachowskis à savoir l’homme modifié, augmenté à l’état de blagues à l’image du suspense de la mort de Sean Bean. Car chose curieux dans ce long-métrage, le duo tente de jouer la carte de l’humour tout en voulant donner une cohérence (quasi) shakespearienne à leur monde de CGI. Le spectateur se retrouve ainsi sur le fil du rasoir ne sachant comment prendre tout cela. De plus, les pics comiques se mêlent à une philosophie new age à l’écologie  Canada Dry comme les abeilles qui reconnaissent la reine. A l’image de Cloud Atlas, les Wachowskis sortent la grosse artillerie (cette fois -ci pyrotechnique) pour accoucher d’une souris philosophique à base d’amour. Le message politique sur l’immigration nous est asséné à coups de truelles avec un misérabilisme digne d’un Disney. Au fond, les réalisateurs aiment les mélanges qu’ils soient génétiques, culturels, de genres cinématographiques, de tons mais ils n’y apportent aucun lien tenu ni cohérence. Si certains seraient tenter d’y voir un ratage « voulu » comme une dénonciation de l’état du divertissement hollywoodien, c’est un pas qui n’est pas franchissable tellement les Wachos semblent avoir eu un chèque en blanc par les studios pour pondre ce goulbi-boulga informe.

 

Jamais fun (à l’inverse de Speed Racer), le long-métrage prend beaucoup d’ailleurs et nous en sert le pire comme une anomalie au sein de la filmographie du duo. Cependant, ce serait oublier que les réalisateurs montraient des signes de faiblesses depuis le premier Matrix.Machine friquée pétaradante, les Wachowskis (comme un certain Peter Jackson) ont perdu leurs âmes au sein d’une industrie hystérique. On ne peut que souhaiter qu’ils reviennent à leurs premières amours comme à l’époque de Bound

 

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